Découvrez dans cette
rubrique des extraits traduits en français du livre "Making A
Miracle" écrit par Hunter Tylo (Taylor). Un très grand merci à
Sandrina pour la traduction de ces extraits. De nouvelles traductions
seront mises en ligne régulièrement.
Pour
commander le livre d'Hunter Tylo (en version anglaise) : http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/0671027794/171-8273458-8696254
Chapitre
1 - Chapitre
2 - Chapitre
3
Chapitre
3
Une
semaine avant notre entretien avec Pam Shae, j’avais passé une
audition pour une nouvelle émission pour Disney et la NBC qui allait être
lancé par la compagnie de production Baywatch. Leurs bureaux de
Santa Monica étaient situés dans un bâtiment qu’on n’aurait pu
prendre pour un immeuble d’habitation, ce qui était courant à
Hollywood, mais bien loin du gratte ciel avec atrium de Spelling
Entertainment. Je me rappelle être entrée dans ces bureaux et
avoir observé un grand poster de Pamela Lee dans une tenue de cuir noir
très moulante qui faisait ressortir son décolleté. Quand j’ai
regardé autour de moi, j’ai vu que le bureau était rempli
d’affiches de Pamela Lee en tenues moulantes et avec du rouge à lèvres
rose scintillant. Il y avait aussi des photos de Yasmine Bleethe, que
j’avais eu l’occasion de rencontrer à NewYork, et je me suis
souvenue que sa carrière avait débuté grâce à Baywatch.
Le rôle
pour lequel j’auditionnais représentait plus que de poser en maillot
de bain. J’aurais eu à jouer une astronaute, belle et intelligente,
une femme un peu garçon manqué, avec un sens de l’humour
extraordinaire. En mémorisant mes répliques (du script d’audition)
pour le rôle, j’ai commencé à apprécier de plus en plus le
personnage.
La
première audition se passa bien et les gens de Baywatch me
rappelèrent pour une deuxième audition qui devait avoir lieu après le
meeting que Marv et moi avions avec Pam Shae. Cette fois, il y avait
beaucoup plus de monde dans la pièce, et je me suis assurée de mettre
au point de nouveaux effets- des actions qui allaient avec le dialogue-
comme le suggéraient les producteurs. Les nouvelles personnes dans la
pièce étaient toutes de chez Disney ou de la chaîne- c’étaient
de grosses pointures, des personnages importants.
Les
gens de la chaîne exprimèrent leur satisfaction au sujet de mon jeu,
mais ils étaient bien plus intéressés à me parler personnellement.
Avec leurs manières décontractées, ils me posèrent des questions sur
ma vie. Je savais que cela faisait partie des entretiens et que pour la
chaîne, l’embauche dépendait de la façon dont l’acteur serait
apprécié et par quel pourcentage de spectateurs.
« Vous
avez un enfant au lycée ? » me demandèrent-ils, incrédules.
« Il
a quatorze ans. Et j’ai aussi un fils à l’école primaire. »
« Vraiment ?
Vous êtes si bien. Comme si vous n’aviez jamais eu d’enfant. »
Mon
look, mes capacités d’actrice, et ma vie familiale formaient
apparemment un tout intéressant. Je me suis vue dans les yeux des décideurs-
la maîtresse d’école sexy avec le mari costaud : une image
ressemblant à celle de l’astronaute intelligente qu’ils voulaient
que je joue. A la fin de notre meeting, les producteurs continuaient à
me couvrir d’éloges, et j’ai commencé à penser que Daytona
Beach pourrait marcher.
A
cause de mon emploi du temps chargé et des rendez-vous ou
Marv m’envoyait, j’ai habité presque seule dans notre
appartement de Los Angeles durant le mois de janvier 1996. En contraste
avec notre maison confortable de Las Vegas, ou je me sentais en sécurité
et bien installée, le studio m’encourageait à me concentrer sur tout
ce que j’avais encore à accomplir.
Le 5 février,
j’étais dans le studio, travaillant encore une fois sur le script
d’audition de Daytona Beach. La semaine précédente, Marv
m’avait appelée pour me faire savoir que les producteurs me voulaient
pour un test à l’écran. Ils voulaient faire un enregistrement vidéo
de ma performance pour le faire visionner à toute la chaîne pour
l’approbation finale. Marv m’a donné les notes d’un des
producteurs et je savais que je devais vraiment peaufiner la scène.
Il
avait déjà commencé à négocier avec les producteurs de Daytona
Beach et il voulait leur faire augmenter leur offre de 9000 dollars
par épisode. Tourner l’essai en Floride prendrait quatre semaines, et
nous avions déjà informé The Bold and The Beautiful que je
prendrais certainement congé en mars. On avait dit à Marv de façon
informelle que j’étais déjà prise dans l’esprit des producteurs
et qu’il ne manquait plus que l’approbation du reste de la chaîne.
La partie était plus qu’à moitié gagnée.
« Il
faut que tu aies une bonne nuit de sommeil, » me dit Marv au téléphone.
« Je veux que tu ailles nulle part. Ne fais rien d’autre que de
travailler sur ce script. »
J’étais
décidée à faire exactement ce qu’il disait. Je pensais aller chez
mon coach pour acteur et refaire une dernière fois avec elle la première
partie. Puis, droit au lit.
Vers
midi, Marv m’a rappelée. « Tu ne vas pas y croire. »
« Quoi ? »
« Même
dans un million d’années, tu ne vas pas y croire. »
« Quoi,
Marv ? Tu vas me le dire ? »
« Le
bureau de Pam Shae vient juste d’appeler. Ils ne veulent pas que tu
fasses un essai demain pour Daytona Beach. Ils veulent t’offrir
un rôle dans Melrose Place. »
En
pleine confusion, j’ai dit, »Qu’est-ce que c’est que ça ? »
Alors que je commençais à y voir plus clair, j’ai réalisé que Melrose
était le show de Heather Locklear- un show regardé par les gamins des
collèges, un soap du soir. Ca je le savais, mais c’est à peu près
tout ce que je savais.
« Melrose
Place ? » dit Marv. « C’est un des plus gros
shows télé. »
« OK,
OK, Marv, mais qu’est-ce qu’ils veulent que je fasse ? »
« Je
ne pense pas qu’il aient déjà le rôle. Mais quoi qu’il en soit,
ils ont fait une offre, Quinze milles dollars par épisode. Et je pense
que je peux obtenir plus. »
« Pas
question ! » j’ai dit. Ce n’était pas pour un projet,
mais pour une série établie. « Alors, qu’est-ce qu’on va
faire ? »
« Je
vais voir si ils sont sérieux. Si ça t’intéresse, allons-y. »
« Mais,
bien sûr que je suis intéressée. Mais essaie d’en savoir plus sur
le personnage. »
Quelques
minutes plus tard, Marv rappelle. « Hunter, ils ont accepté mon
offre. Ils sont montés à dix sept mille cinq cent, et c’est pour une
période de quatre ans. Ils ne veulent pas que tu fasses ce test demain.
Ils insistent pour que tu ne fasses pas cet essai chez Disney. Il faut
qu’on se décide avant la fin de la journée. »
J’ai
regardé l’horloge que j’avais spécialement achetée pour cet
appartement, une reproduction lumineuse de la statue de la liberté-
quand ses bras tournaient, elle semblait illuminer l’Amérique. C’était
presque une heure de l’après-midi.
« Marv,
attend un moment. Calmons nous. J’ai pris des décisions stupides par
le passé, et je ne veux pas faire une bêtise aujourd’hui. »
Je
sentais déjà le poids de cette décision, l’importance de choisir
une route ou une autre à ce croisement. « Je dois y réfléchir,
Marv. Maintenant, Marv- tu vas penser que je suis folle- mais je dois
prier. »
« Bon,
je sais que tout ça est arrivé vite, Hunter, mais… »
« Je
te rappelle, marv »
Je me
suis assise à la table de la cuisine, et j’ai commencé à penser. En
me préparant à jouer l’astronaute intelligente de Daytona Beach,
j’en était venue à apprécier combien ce rôle serait bon pour ma
carrière. J’avais besoin de jouer une femme forte, un peu garçon
manqué- je me disais que ce sont des aspects importants de ma
personnalité et qu’ils n’avaient jamais été vus dans mon travail.
Alors, je devais me demander si avoir un rôle intéressant ou si je
voulais juste offrir une vie confortable à ma famille.
Le téléphone
sonna de nouveau. C’était Marv. « Hunter, tu ne peux pas juste
leur dire oui ? »
« Je
suis entrain de réfléchir, Marv. Je réfléchis. Je te rappelle. »
J’ai
essayé de prier et j’ai ouvert la bible pour en lire quelques
passages. J’ai eu l’idée de demander un enregistrement de ce show.
Ne devais-je pas voir cette production- au moins un épisode- avant de
signer pour quatre ans ?
J’ai
rappelé Marv. « Marv, ne pourrais-tu pas demander aux gens de Melrose
d’envoyer… »
«Comment,
Hunter ? Je ne t’entends pas. Qu’est-ce que c’est que ce
bruit ? »
Dans
son terrarium, mon tegu choisi ce moment pour attaquer son repas, une
souris vivante. Les cris perçants de la souris interféraient avec ce
que Marv essayait de me dire. On ne peut pas dire à un tegu de s’arrêter
quand il a commencé à dévorer sa proie.
« Est-ce
que c’est cet espèce d’alligator que tu as ? demanda Marv. « Il
est entrain de t’attaquer ? »
« Non,
Marv, il prend son repas. Son seul repas de la semaine. Il aime son
repas, crois-moi. »
« Ca
en a l’air. »
« J’essayais
de dire que j’ai besoin de voir un enregistrement de Melrose Place.
Je veux dire qu’on est entrain de parler de quatre ans de ma vie. »
« OK,
c’est raisonnable. Je vais voir ce que je peux faire. »
Peut-être
parce que mon tegu choisi ce moment pour se nourrir, j’ai commencé à
penser à toutes les personnes dans ma vie qui dépendent de moi- mes
enfants en premier, bien sûr, sans parler de mes animaux, y compris le
zoo que j’ai accumulé dans notre maison de Las vegas. J’ai même
des terrariums que j’ai fait intégrer dans les murs de la salle de séjour
pour eux, avec des clapets d’ouverture vers l’extérieur pour des
invités sans scrupule. Qui prendrait soin de mes bestioles et de mes
enfants ? Michael et moi avons pratiquement détruit notre mariage
en déménageant pour Vegas et en ne se voyant plus qu’en transit.
Michael et mes garçons, Chris et Mickey, avaient plus que jamais besoin
de moi. Quel choix- Daytona Beach ou
Melrose Place- serait meilleur pour eux ?
J’ai
appelé Michael pour lui expliquer. « Je ne sais pas Hunter, »
dit Michael « Tu sais ce que je pense de L.A. Pourquoi tu ne
ferais pas cet essai ? Si ça devient un job régulier, et que tu
tourne en Floride, on pourrait redéménager à New-York ou même en
Caroline du Nord et avoir la ferme qu’on voulait. Melrose nous
forcerait à tous revenir à L.A. »
« Tu
pourrais avoir envie de travailler aussi là-bas. » j’ai dit.
Michael
n’a pas donné son point de vue là-dessus.
« Ils
vont me faire avoir un enregistrement, » j’ai dit. »Je
veux voir un épisode avant de me décider. Marv est très excité par
tout ça. Il fait comme si c’était l’affaire du siècle. »
« C’est
un grand succès, je crois » dit Michael, adoucissant sa voie. « Et
je sais que tu dois y réfléchir. Quoi que tu décides, je suis
d’accord, je veux dire, vraiment, je suis d’accord. »
« Tu
le penses vraiment ? »
« Bien
sûr que je le pense. Ca t’apportera peut-être d’autres choses.
C’est du prime-time. Ca compte. Si on doit retourner à L.A., on y
retournera. »
« OK,
je te rappelle après avoir vu la cassette, Je t’aime. »
« Je
t’aime aussi »
Un de
mes agents à Innovative Artists, David Rose, m’a appelée pour me
dire qu’ils avaient du mal à trouver une cassette de Melrose Place.
(Je
travaille avec une agence ainsi qu’avec un manager : un manager
envoie ses clients à des auditions et les agents s’occupent de tout
ce qui concerne les problèmes administratifs y compris les détails des
contrats.) Il m’a dit qu’un autre agent, Nevin Dolcefino, allait
m’appeler. David était un fan inconditionnel de Melrose Place
et il pourrait me donner une meilleure idée de ce à quoi ressemblait
ce show.
Quand
je l’ai eu en ligne, Nevin m’a dit, « C’est génial.
Surtout pour les jeunes filles. »
« Ah,
oui ? »
« Ca
t’ira super bien, Hunter. Tu seras face à Heather Locklear. Les gens
pourront voir ce dont tu es capable. C’est un show rigolo, c’est
marrant. »
« Pourquoi
personne ne peut me dénicher une cassette ? »
« Tu
n’as pas besoin de voir une cassette, Hunter. Je te le dis. C’est un
super show. C’est une grosse production. Ils y ont mis une tonne de
fric et ça se voit dans le film. Tu seras fantastique. »
« Je
n’ai pas peur d’être dans un truc minable à bas budget, Nevin. Je
m’interroge sur ce que les gens vont en tirer. Principalement si les
jeunes filles sont tellement influencée par ça. De quoi est-il
question ? Est-ce que les gens couchent ensemble ? Est-ce
qu’ils font des trucs immoraux ? »
« Hunter,
ce n’est pas censé être la réalité. C’est marrant, branché.
C’est juste censé être sympa, et c’est sympa. Je ne manquerais pas
un épisode. Tu penses que je n’ai pas bon goût ou quelque chose
comme ça ? »
« C’est
dans le genre coup tordu par derrière, comme dans Dynasty ? »
« Il
y a un peu de ça dans tout. Ne te fâche pas avec nous, Hunter. C’est
une grosse opportunité. Une grosse, grosse opportunité. Ca t’amènera
là ou tu voulais aller. »
« Laisse-moi
y penser, Nevin. »
Alors,
j’ai appelé ma meilleure amie, Carla, une femme que je connais depuis
quinze ans et dont la sensibilité est très proche de la mienne. Je ne
doutais pas des goûts de Nevin, mais je pensais que j’obtiendrais un
avis plus précis de la part de mon amie sur le ton de cette série.
La
statue de la liberté montrait 2h.30 et je réalisais que si je renonçais
à l’offre de Melrose Place, je n’aurais plus beaucoup de
temps pour travailler sur mon audition de Daytona Beach.
L’horloge
faisait tic tac, tic tac, tic tac.
Après
avoir expliqué la situation à Clara, je lui demandai, « Alors,
à quoi ressemble ce show? Tu l’as déjà vu ? »
« Quelques
fois. C’est assez osé. »
« Osé ? »
« C’est
mignon, la plupart du temps. Mais, je ne laisserais pas Abby regarder ça. »
(Abby est sa fille qui est à la petite école.)
« Non ? »
« Souvent,
ils montrent des gens qui vont avoir une relation sexuelle. Quelqu’un
jette quelqu’un d’autre sur un canapé ou sur un lit et ils
commencent à s’embrasser avec passion. Ce genre de chose. C’est pas
vraiment pire que des séries de la journée. »
C’était
assez mauvais, je savais. J’ai remercié Clara et je me suis préparée
à rappeler Marv. Il était maintenant passé trois heures de l’après-midi.
Madame Liberté semblait bouger ses bras encore plus frénétiquement.
Pendant
ma conversation avec Clara, plusieurs choses commençaient à se mettre
en place dans mon esprit. Je savais maintenant que se show dépendait en
partie de la création de situations qui impliquaient des relations
sexuelles et des relations amoureuses. Il y a peu de show qui ne le font
pas. Je sais en quoi consiste mon travail. Mais, j’étais dérangée
par le fait que de jeunes filles regardent ça. Et, autant que j’en
savais à ce point, mon rôle restait indéfini. J’ai commencé à me
demander si il serait possible pour moi d’aider les scénaristes à créer
le personnage pour qu’il donne une autre tournure à tout ça- une rédemption-
pour ces jeunes filles qui étaient si fans. Après tout, si je devais
jouer ce rôle pendant quatre ans, autant qu’il me plaise.
Il
m’est aussi apparu que je devais avouer aux producteurs les raisons
pour lesquelles j’avais de tels a priori: le profond engagement que
j’avais pris devant Dieu presque une année auparavant qui ne me
permettrait pas de juste dire « oui » sans regarder en arrière.
J’ai
appelé Marv. « Ecoute personne ne peut me fournir une cassette.
Si j’accepte cette offre, il va falloir que je parle au producteur.
Est-ce que je peux lui parler ? Est-ce que tu peux m’arranger ça ? »
« Je
ne sais pas, Hunter. Qu’est-ce que tu vas lui dire ? »
« C’est
un changement important dans ma carrière. J’ai besoin d’avoir la réponse
à certaines questions. Je veux connaître leur idées sur le
personnage. Que se passerait-il si j’accepte et si je dois jouer un
personnage que je déteste ? Que se passerait-il si je suis étiquetée
comme Joan Collins, garce du siècle ? Je ne veux pas être coincée
comme ça. »
« OK », dit Marv. « Je comprends. Laisse moi voir ce que je peux
faire. »
Marv
m’a rappelée plus vite que je le pensais. « Il veut te parler.
Le producteur. Il s’appelle Frank South. Appelle sa secrétaire, elle
te le passera tout de suite. »
Dans
une situation différente de celle là- il me restait moins de deux
heures pour prendre une décision qui allait changer ma vie- je
n’aurais pas été à l’aise de déranger un producteur. Je ne
devais pas seulement être honnête avec Spelling Entertainment,
je devais aussi être honnête avec Disney et les gens de Baywatch. Je
ne pouvais pas les appeler le matin, quand toute l’équipe et les
autres acteurs seraient déjà en route pour les studios pour tourner
l’essai. Alors, Frank et moi devions avoir une discussion sérieuse.
J’étais contente de ne pas le connaître, de ne rien savoir sur lui :
ça réduisait la pression en quelque sorte.
Sa
voix au téléphone m’a mise à l’aise. Au début, il m’a parlé
comme un ami, comme si il partait du principe que nous allions
travailler ensemble. « Hey, Hunter, » il a dit, « content
que tu m’appelles. On est tous très excités par tout ça. On va
faire plein de super shows ensemble, j’en suis sûr. »
J’ai
dit, « Ecoutez, la raison pour laquelle je vous appelle, c’est
juste que je voudrais avoir une idée plus précise du personnage.
Est-ce que c’est quelqu’un qui- pouvez-vous juste me dire ce
qu’elle va faire ? Qu’est-ce que vous avez comme idée ? »
« Rien
de définitivement fixé pour le moment. »
« Je
comprends, mais quelles sont vos idées ? »
« On
en sait rien pour le moment. Aaron vous adore et il a dit qu’il
aimerait vous avoir dans le
show. On pense que votre personnage viendra probablement du Kansas,
et…elle a eu une vie difficile ou elle a perdu toute sa fortune. Peut-être
qu’elle conduit une vieille Mercedes. »
« Alors,
elle arrivera en ville et sera mêlée à toute l’histoire ? »
« Plus
ou moins. »
« Comment
s’appelle-t-elle ? »
« On
a pas encore de nom pour elle. Vous pouvez nous donner votre avis pour
ça. On fera en sorte que cela vous plaise. »
« J’aimerais
amener ma propre créativité au personnage, vraiment. Je veux
l’aimer, si je dois être elle pour quatre ans. »
« Vous
pourrez faire partie de tout le processus de création du personnage. De
toute façon, une actrice, c’est ça. C’est inévitable. »
« Mais,
quand même, je sais que vous avez dû avoir des meetings à ce sujet.
Vous ne pouvez vraiment pas m’en dire plus ? »
« Eh
bien, euh, on sait que vous allez être une rivale pour Heather
Locklear. On a besoin de quelqu’un de fort, quelqu’un avec de
l’assurance ; quelqu’un de fort, sûr de soi, une personne
assez belle pour inquiéter le personnage de Heather Locklear, Amanda.
On pense que vous serez parfaite. Vous savez, Aaron- je ne peux pas vous
dire à quel point il vous apprécie. »
Frank
South a continué à parler de mon talent d’actrice et j’ai senti
que tout le travail que j’avais fait avec mon coach, Ivana, avait
vraiment payé. Je pourrais aussi dire que Frank South connaissait bien
son travail et que je commençais à l’apprécier et à espérer que
nous allions conclure l’affaire.
J’ai
pris deux grandes inspirations et j’ai abordé le sujet de mes
convictions. « Ne vous effrayez pas, » j’ai dit, « mais
je suis chrétienne… »
« Oh. »
A
cause de la nonchalance de sa réponse, je me suis demandée combien de
fois il avait dû entendre des gens lui dire ça sans y croire vraiment-
sans suivre cette voie. « Oui, et je n’aime pas beaucoup l’idée
de me balader en slip et soutien-gorge. Je l’ai fait dans The Bold
and The Beautiful- le truc sexy et osé- et je veux faire quelque
chose de différent. Je voudrais jouer un rôle qui soit plus que celui
de mannequin. »
« A
Melrose ? »
« Enfin,
peut-être quelqu’un qui a des problèmes, mais qui essaye de choisir
la bonne voie. Bien sûr, le personnage doit faire des erreurs, sinon,
elle n’est pas intéressante à regarder. Mais, elle ne va pas coucher
avec tout le monde, n’est-ce pas ? »
« Oh,
non, pas tout le monde. »
« Je
veux dire, je ne veux pas avoir le rôle de Joan Collins dans Dynasty,
c’est à dire- la garce ravageuse. Ce n’est pas ce que vous avez en
tête, n’est-ce pas ? »
« C’est
un peu tôt, Hunter. Je ne peux pas vous faire la description de tout ce
que va faire le personnage. On ne le sait pas encore. »
« Bien
sûr, je comprends ça, tout ce que je voulais dire… »
« On
sait que votre personnage est marié, » dit Frank en me coupant la
parole.
« Son
mariage est sur le point de casser. On veut voir ce que la rupture révèle. »
Après
mes propres problèmes de mariage, j’en connaissais un bout sur la
question.
« Et
si elle était mariée, » j’ai dit, en faisant une suggestion,
« et qu’elle avait des problèmes avec son mari, mais qu’elle
essaye de les résoudre ? Elle pourrait être attirée par
quelqu’un d’autre, mais résister. C’est quelque chose que l’on
a pas encore vu. »
« Ecoutez,
Hunter, on pensait…pendant son mariage, elle pourrait être liée à
l’amoureux de Heather Locklear. Le personnage s’appelle Peter. Il
est joué par Jack Wagner. »
Jack
Wagner venait aussi des émissions de la journée. Je l’aimais bien et
j’aimais bien Heather Locklear et je commençais à être intéressée
par l’idée de jouer avec eux. Je pensais qu’on pouvait faire du bon
travail tous les trois.
« Alors,
votre personnage, » dit Frank, « elle va probablement
tromper son mari parce qu’il a eu une aventure dans le passé,
et elle veut une revanche. Elle va séduire un autre personnage pour
l’avoir. »
Cela a
stoppé mes espoirs. « C’est dur, » j’ai dit. « J’ai
un problème avec ça. Et si son mari la battait et qu’il dilapidait
leur argent ? Autrement, vous la rendez immorale depuis le début
et c’est quelque chose que ne veux pas faire. En fait, je ne vais pas
le faire. »
« Hunter,
avec tout le respect que je vous dois, vous n’allez pas nous dicter ce
que sera ce personnage. »
« Ce
n’est pas ce que je voulais faire. Vraiment. Je ne faisais que des
suggestions sur ce que pourrait faire ce personnage. Après tout, vous
n’avez pas encore écrit ce qu’il devra faire. »
« Eh
bien , non, pas écrit. »
« Ce
qui compte le plus pour moi, Frank, c’est que le personnage paye
pour ses fautes. La garce ravageuse , genre Joan Collins, continue
simplement à être comme ça, sans jamais en subire les conséquences. »
« Ce
n’est pas ce qui se passe dans notre show. »
« Je
pense que c’est un problème de motivation. Je ne veux pas qu’elle
soit l’instigatrice de ses problèmes de mariage. Pourquoi, comme je
le disais, son mari ne serait pas un joueur, ou violent, et elle
viendrait en ville pour refaire sa vie et quelqu’un serait là pour
l’aider et les choses arriveraient comme ça ? »
« Je
ne veux pas me montrer désagréable, Hunter, et ce n’est pas que nous
apprécions pas que les acteurs donnent leurs idées, mais nous allons
écrire le scénario comme nous l’aurons décidé. »
« Mais,
je ne veux pas… »
« Ecoutez,
c’est sensé être de la comédie. Ce n’est pas la réalité.
C’est un divertissement. Mais c’est juste que- bon, notre personnage
couche avec des gens. C’est comme ça. »
Sans
être sûre que l’on ne pouvait se mettre d’accord, je sentais assez
de résistance dans ce que disait Frank- et dans ce qu’il ne disait
pas- pour sentir qu’on était dans une impasse.
« Je
dois vous dire, je ne suis pas sûre que ça va marcher. Je ne peux pas
vous dire à quel point je suis flattée par votre offre. J’adorerais
travailler dans un show de Spelling. Mais je ne pense pas que ce
soit un rôle pour moi. Ce n’est pas pour moi. »